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ADOS : Comment faire pour qu’ils puissent exprimer leurs émotions

Exprimer ses emotions ado

… autrement qu’avec des emojis via Whatsapp ou les réseaux sociaux…

 

💩  😠  🤬  🖕  😡  😱

 

Je voudrais vous parler d’une méthode présentée par Isabelle Filliozat dans son cahier de travaux pratiques pour apprendre à gérer ses émotions

Cette méthode permet d’écouter les émotions des ados. Ainsi, soit ils se sentent soulagés, soit au moins ils se sentent (un peu) compris !

 

Etape 1 : Mise en condition

 

  • Videz votre tête de vos jugements de parent (en tous cas, essayez !).
  • Concentrez-vous sur votre respiration et votre calme.
  • Maintenant, regardez votre ado pour vous “connecter” avec lui/elle et laissez émerger l’empathie.
  • Discutez en ressentant ce que l’autre éprouve.

 

Visualisez à présent cette scène :

🥣 Imaginez que vous tenez un bol vide dans lequel votre ado va déverser :

  • ses émotions, 
  • ses larmes, 
  • sa colère, ses revendications,
  • ses critiques, son point de vue,
  • des mots de haine ou de désespoir…

🥣 Il est important d’imaginer que tout cela tombe dans le bol en dehors de vous, ça ne vous appartient pas (et ainsi cela vous affecte moins… et donc vous pourrez mieux aider).

 

Etape 2 : Amorce de discussion

 

  • Enclenchez la discussion avec empathie : 

Je vois que c’est dur pour toi” , “tu as l’air content.” , “j’ai l’impression que tu es triste…”

 

  • Si votre ado se ferme, n’insistez pas. Rassurez-le : 

Tu es peut-être touché.e par ce que je t’ai dit et tu ne sais pas comment répondre, c’est difficile pour toi de m’en parler, ce n’est peut être pas le bon moment… Tu sens qu’on est énervés/fatigués/stressés“. 

Dites alors ce que vous ressentez : “Quand tu ne me réponds pas, je me sens triste et démuni.e, j’ai besoin de sentir le lien avec toi…“. Puis marquez un silence.

 

  • S’il parle. Ecoutez-le et encouragez-le avec des “phrases reflets” :

S’il dit “Je te déteste”, répondez “tu es en colère contre moi”. Ou émettez des sons comme “hum” , des “oui” ou faites des hochements de tête pour marquer votre totale attention sans l’interrompre.

 

Evitez les “pourquoi”, les reproches, les jugements, les réflexes d’auto-défense, etc. Facilitez son expression et guidez-le pour trouver et verbaliser le besoin derrière chaque émotion.

 

Tout ceci est plus facile à écrire qu’à faire ! Je le sais bien ! COURAGE !

 

————

 

En ce qui concerne la relation avec des adolescents, j’ai aussi trouvé ce texte sur la page Facebook « Sacrée Maman” :

(lettre fictive d’un ado à sa mère)

 

Maman,

Ce conflit dans lequel nous sommes maintenant, j’en ai besoin. J’ai besoin de ce combat. Je ne peux pas l’expliquer parce que je n’ai pas le vocabulaire pour le faire et parce que, de toute façon, ce que je dirais n’aurait pas de sens. Mais j’ai besoin de ce combat. Désespérément.

J’ai besoin de te détester pour le moment, et j’ai besoin que tu y survives. J’ai besoin que tu survives au fait que je te haïsse et que tu me haïsses.

J’ai besoin de ce conflit, même si je le hais. Peu importe ce sur quoi nous sommes en conflit : heure du coucher, les devoirs, le linge sale, ma chambre en désordre, sortir, rester à la maison, partir de la maison, ne pas partir, la vie de famille, petit(e) ami(e), pas d’amis, mauvaises fréquentations. Peu importe. J’ai besoin de me battre avec toi au sujet de ces choses et j’ai besoin que tu t’opposes à moi en retour.

J’ai désespérément besoin que tu tiennes l’autre extrémité de la corde. Que tu t’y accroches fermement pendant que je tire de mon côté, que je tente de trouver des appuis dans ce nouveau monde auquel je sens que j’appartiens.

Avant, je savais qui j’étais, qui tu étais, qui nous étions. Mais maintenant, je ne sais plus.

En ce moment, je cherche mes limites et, parfois je ne peux les trouver qu’en te poussant à bout. Repousser les limites me permet de les découvrir. Alors je me sens exister, et pendant une minute je peux respirer.

Je sais que tu te rappelles l’enfant doux que j’étais. Je le sais, parce que cet enfant me manque aussi et, parfois, cette nostalgie est ce qu’il y a de plus pénible pour moi.

J’ai besoin de ce combat et de constater que, peu importe combien terribles ou exagérés sont mes sentiments, ils ne nous détruiront ni toi, ni moi. Je veux que tu m’aimes même quand je donne le pire de moi-même, même quand il semble que je ne t’aime pas. J’ai besoin maintenant que tu t’aimes toi et que tu m’aimes moi, pour nous deux.

Je sais que ça craint de ne pas être aimé et d’être étiqueté comme étant le méchant. Je ressens la même chose à l’intérieur mais j’ai besoin que tu le tolères et que tu obtiennes de l’aide d’autres adultes. Parce que, moi, je ne peux pas t’aider pour le moment. Si tu veux te réunir avec tes amis adultes et former un « groupe de soutien pour survivre à la fureur de votre adolescent », c’est ok pour moi. Ou parler de moi derrière mon dos, je m’en fiche. Seulement ne m’abandonne pas. N’abandonne pas ce combat. J’en ai besoin.

C’est ce conflit qui va m’apprendre que mon ombre n’est pas plus grande que ma lumière. C’est ce conflit qui va m’apprendre que des sentiments négatifs ne signifient pas la fin d’une relation. C’est ce conflit qui va m’apprendre à m’écouter moi-même, quand bien même cela pourrait décevoir les autres.

Et ce conflit particulier prendra fin. Comme tout orage, il se calmera. Et je vais l’oublier, et tu l’oublieras. Et puis il reviendra. Et j’aurai besoin que tu t’accroches de nouveau à la corde. J’en aurai besoin encore et encore, pendant des années.

Je sais qu’il n’y a rien de satisfaisant pour toi dans ce rôle. Je sais que je ne te remercierai jamais probablement pour ça, ou même que je ne reconnaîtrai jamais le rôle que tu as tenu. En fait, pour tout cela, je vais probablement te critiquer. Il semblera que rien de ce que tu ne fais ne soit jamais assez. Et pourtant, je m’appuie entièrement sur ta capacité à rester dans ce conflit. Peu importe à quel point je m’oppose, peu importe combien je boude. Peu importe à quel point je m’enferme dans le silence.

S’il te plaît, accroche-toi à l’autre extrémité de la corde. Et sache que tu fais le travail le plus important que quelqu’un puisse faire pour moi en ce moment.

Avec amour, ton adolescent.

 

Dites-vous aussi que tant qu’il y a du lien (même imparfait)… vous êtes sur le bon chemin !

Amitiés !